Frankenstein délivré

"Un visage d'une beauté impressionnante me fixa soudain. Puis la lucarne vola en éclats et la Créature du Baron Victor Frankenstein bondit au milieu de la pièce. Oui, son visage était beau et j'utilise ce mot à dessein pour réfuter la légende d'un hideux conglomérat de traits empruntés.

Les yeux étaient là, étincelants derrière les hautes pommettes protectrices comme à travers les fentes d'une visière. Les autres traits, la bouche, les oreilles, et surtout le nez, avaient été en quelque sorte estompés par le bistouri du chirurgien. La Créature qui me fixait maintenant avait l'air d'une machine faite au tour. Son crâne atteignait presque les poutres du plafond. Il se pencha, me saisit par le poignet et me tira vers lui comme si je n'étais qu'une poupée".

Voilà la découverte que fit, le 25 août 2020, Joseph Bodenland, de New Houston, englouti dans un Glissement Temporel et brusquement projeté à Genève en 1816...

A la fois critique et créateur, Brian W. ALDISS, né en 1925, est considéré comme l'un des maîtres de l'école britannique actuelle de science-fiction. Il publie son premier texte Criminal record en 1954 dans la revue Science-fantasy. La notoriété lui vient avec Croisière sans escale (1956) et Le monde vert (1960), récit hallucinant d'un lointain futur où la terre serait tout entière recouverte d'un arbre gigantesque. Avec Frankenstein délivré il renouvelle, interprète et enrichit magistralement l'un des thèmes classiques de la science-fiction.